Développement historique des droits de l’homme : les femmes
Histoire de l’évolution historique des droits de l’homme et du rôle des femmes à travers l’histoire.
Quel a été le rôle des femmes dans celles-ci ?
La vaste trajectoire historique sur les fondements des droits de l’homme (DH), à partir de ses différentes visions, a été fortement subjuguée par les discours prédominants des sociétés. C’est précisément en raison de ces voix prépondérantes que les voix des différents groupes représentatifs qui n’ont pas trouvé leur place, par exemple les femmes, les afro-descendants, les autochtones, les personnes ayant une orientation sexuelle différente, et d’autres encore, ont été minimisées.
En d’autres termes, ceux qui ne se conformaient pas aux stéréotypes réglementés par le patriarcat hétéronormatif, raciste et sexiste (quiconque n’était pas un homme blanc, de classe supérieure et cisgenre), n’étaient pas nécessairement pris en compte par les structures sociales, y compris la loi. Ainsi, c’est grâce aux nombreuses luttes sociales menées tout au long de l’histoire de l’humanité que, petit à petit, cette fixation systématique de la discrimination et de l’inégalité commence à être brisée afin de construire des sociétés et des structures plus équitables, libres, égalitaires et, surtout, dignes.
Qu’est-ce qu’un droit humain ?
Il existe diverses définitions de ce que peut constituer un « droit de l’homme »; et même, certaines générations de droits de l’homme ont été déterminées au niveau de la doctrine, en fonction des contextes particuliers. En utilisant les mots de Pacheco Gomez (s.f.) :
Toute personne humaine possède des droits en tant que tels et ceux-ci doivent être reconnus et garantis par l’État sans aucune discrimination sociale, économique, juridique, politique, idéologique, culturelle ou sexuelle. Mais, en même temps, je voudrais souligner que ces droits sont fondamentaux, c’est-à-dire qu’ils sont liés à l’idée de dignité de la personne humaine.
Par conséquent, on peut comprendre qu’il n’y a pas eu, et qu’il n’y aura jamais, une conception univoque des droits de l’homme et de tout ce qu’ils impliquent. Comme le mentionne Bobbio (1964) : « Il ne faut pas parler d’un fondement unique, mais de fondements des droits de l’homme, de fondements différents ».
En d’autres termes, c’est le progrès de la dignité humaine qui a manifesté ce qui est considéré comme le droit de toute personne, de tout être humain. Celle-ci, à travers les relations politiques, économiques, religieuses et autres, dessine l’existence des droits de l’homme de manière dynamique.
On peut donc comprendre que l’évolution normative et doctrinale des Droits de l’Homme (DH) n’a pas nécessairement envisagé des figures différentes de l’homme blanc cisgenre ; au contraire, ces sujets, ignorés au départ, ont dû être inclus très récemment dans les réglementations sur les DH et dans les instruments internationaux.
Elle a presque « forcé » l’analyse des lacunes et des échecs de l’inclusion historique. En effet, le concept original de « dignité humaine » se rapportait au droit des hommes, créé par les hommes et pour les hommes. C’est ainsi que le concept primordial de « droit de l’homme » a été appelé « droit de l’homme » ; aujourd’hui encore, certains appellent les droits de l’homme « droits de l’homme » en raison de cette notion historique.
Comment les femmes ont-elles été exclues de l’histoire évolutive des Droits de l’Homme ?
Selon Peces Barba (n.d.) : » Toute tentative de fondation rationnelle des droits doit tenir compte de ce point de départ historique, de la dissidence, avec la situation juridique et politique de l’État absolu « . Ainsi, parler de l’évolution des Droits de l’Homme est indissociable du contexte historique, nid d’idéologies politico-philosophiques, économiques et culturelles qui circonscrivent les DH.
Tout d’abord, si l’on se place à l’époque romaine, en raison de la culture profondément enracinée de limitation des femmes, qui ne sont même pas considérées comme des personnes capables de penser ou de sentir, de faire les mêmes choses qu’un homme, et d’autres idées, la possibilité de les fonder comme : droits de l’homme libre est réduite. En l’occurrence, il s’agit des patres (patriciens ou patriarches) de Rome, qui ont même donné naissance à la notion de patriarcat (pouvoir entre les mains des patres).
Plus tard, à l’époque du féodalisme, les droits des seigneurs (fiefs), non seulement constituent la notion même d' »hommes au pouvoir », mais la tenure économique est mise en avant (générant un patriarcat de classe). Si l’on remonte quelques siècles plus loin, l’une des révolutions les plus radicales (la Révolution française) a abouti à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789), l’une des plus anciennes réglementations où les droits de l’homme sont circonscrits ou « positivés ».
Ce texte normatif classique, qui a jeté les bases de nombreux droits adoptés globalement par les États modernes, exclut tacitement les femmes. Comment ? Cette déclaration fait référence aux droits de tous les hommes (bien que cela soit également discutable en raison de l’exclusion des hommes noirs) et, en général, aux droits des citoyens ; dans aucune de ces deux hypothèses (homme et citoyen), les femmes ne trouvent leur place.
Pour contrer la critique selon laquelle « c’est l’usage du langage », dans ce contexte précis, les femmes n’étaient pas vraiment incluses du tout, et il ne s’agissait pas d’un simple usage du langage. Il ne s’agit donc pas de l’utilisation sexiste du langage, mais bien de l’exclusion réelle des femmes ; malgré, même, l’aide que beaucoup ont apportée aux hommes pendant la Révolution, comme Jeanne d’Arc.
Par conséquent, cet autre exemple montre bien que l’évolution des droits de l’homme ne fait rien d’autre que de contempler les voix du pouvoir et de la domination, et que si l’idéologie prédominante sur la dignité, qui dans ce cas est celle qui s’est répandue sous le slogan de « liberté, égalité et fraternité », excluait délibérément certains groupes pour des raisons sexistes et racistes, les droits seraient positivés en fonction de ces idéaux.
La Déclaration a manifesté la culture profondément enracinée du patriarcat.
Au point de négliger le combat des femmes aux côtés des hommes et aussi de faire taire ceux qui en ont pris conscience (en les envoyant à la guillotine). La figure d’Olympe de Gouges, qui a décidé d’aller à l’encontre de cette structure patriarcale et de rédiger la même déclaration mais du point de vue de la dignité des femmes, est particulièrement remarquable, obtenant ce résultat dans son assassinat.
» Olympe a sans doute été un précurseur prématuré de la catégorie de genre, mais son combat a été la défense des droits politiques des femmes » (Gloria Ramírez, p.4, 2015). Comme Olympe, les femmes, dans différents mouvements sociaux, se sont battues pour récupérer cette dignité correspondante que la plupart des hommes feignaient d’ignorer.
Un autre exemple, plus proche du contexte actuel, est celui des suffragettes en Europe et en Océanie (les premiers endroits où les luttes féministes dans plusieurs pays ont réussi à obtenir le suffrage des femmes) ; le droit de vote et, en soi, le pouvoir du suffrage comme droit humain de nature civile et politique, n’était pas non plus envisagé comme un droit fondamental pour les minorités (femmes, hommes asservis, indigènes…).
« Il ne s’agit donc pas d’exigences éternelles, mais seulement de droits historiques, de manifestations des besoins de telle ou telle époque, et de tentatives de satisfaire ces besoins » (Benedetto Croce, p.143, 1976). En d’autres termes, les transformations socio-historiques seront celles qui reflètent la nécessité de corriger les lacunes fournies par les structures dominantes du moment dans lequel un certain droit est fourni. C’est ici qu’intervient la prise en compte des DH des femmes, mais plus seulement des femmes blanches, européennes ou de classe supérieure, mais de toutes les femmes, même au-delà de la considération du sexe biologique (femmes trans).
« Toute tentative de fondation rationnelle des droits doit tenir compte de ce point de départ historique, de la dissidence, avec la situation juridique et politique de l’État absolu ».
« Il ne s’agit donc pas de revendications éternelles, mais seulement de droits historiques, de manifestations des besoins de telle ou telle époque, et de tentatives de satisfaction de ces besoins ».
Le futur paysage des droits humains des femmes
Dans divers ouvrages, Hélène Cixous a exprimé la nécessité de la reconnaissance des femmes dans les textes historiques et la doctrine dans tous les domaines : droit, économie, politique, science, technologie, entre autres. « Les femmes, prenant pour elles-mêmes la possibilité de parler (…) peuvent entrer dans l’histoire (…) à part entière, dans tous les systèmes symboliques et les processus politiques ». C’est ainsi que la lutte pour les droits de l’homme, notamment ceux des femmes et d’autres groupes, s’est reflétée.
Aujourd’hui, davantage de femmes se joignent à la demande d’espaces politiques et de droits de l’homme, comme en témoigne la création d’ONU Femmes en juillet 2010. De plus en plus de femmes prennent le pouvoir dans diverses sphères de la vie, et des normes internationales ont été créées qui indiquent l’importance de la protection et de la reconnaissance des droits humains des femmes.
Il existe différentes Conventions/Traités, Organisations et autres qui ont mis l’accent sur les droits des femmes. Pour n’en citer que quelques-uns, voici quelques exemples :
- Convention sur les droits politiques des femmes (1952)
- Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) (1979)
- Convention interaméricaine sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre la femme (Belem do Para, 1994).
« Les droits de l’homme existent et sont possédés par le sujet indépendamment du fait qu’ils soient ou non reconnus par le droit positif », (Fernández-Galiano, p.150). C’est pourquoi il existe des normes spécialisées pour la protection de certains droits de l’homme, car même s’ils n’ont pas été envisagés dans les droits de l’homme ou les lois nationales initiales, cela ne signifie pas qu’ils n’existent pas.
Lorsqu’un droit individuel est transposé au niveau collectif, la reconnaissance formelle de la réalité respective de ce droit devient plus réalisable. Ainsi, le fait de continuer à reconnaître les particularités des femmes dont les droits sont ignorés, ainsi que d’autres groupes vulnérables, permettra de poursuivre le développement des droits de l’homme et des mécanismes de nature globale qui soutiennent cette protection et cette garantie.
Il est toujours nécessaire de lutter dans une perspective d’intersectionnalité, en reconnaissant toutes les femmes et leurs défis respectifs, par exemple pour les femmes noires, indigènes, orientales, trans et queer, afin de continuer à développer les droits humains de chaque personne.
Auteur. Sofía Poveda Garro
Étudiant en droit – Université du Costa Rica [email protected] / [email protected]
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